Cid
Les milles prêcheurs d'une apocalypse devenu ordinaire défilaient sur l'écran de télévision de Cid. Depuis le début de la longue nuit, son poste était devenu le seul moyen de rythmer ses journée … Et encore. Les émissions se poursuivaient avec la même régularité et le seul changement manifeste aux yeux du quarantenaire étaient que les images des redéploiements américain au moyen orient avaient été remplacés par les discours des scientifique auxquels les journalistes s'épuisaient à retourner les mêmes questions, sans progression significative dans les réponses. Eux, les politiques, les astrologues, les grands patrons, tout ceux qui jadis avaient tant de réponses à donner n'avaient aujourd'hui que leurs incertitudes. Comme le reste du monde au final. Ils ne savaient plus de quoi demain serait fait. Comme s'ils en avaient eu la moindre idée un jour en réalité.
Il éteignit la télévision, interrompant un spécialiste des énergies qui parlait déjà de recouvrir la face éclairé, considérée comme condamnée à court termes, par des panneaux solaires pour alimenter les Nocturnes en électricité. Une brève fouille de ses placards lui permis de remettre la main sur quelques affaires encore propres qu'il s'empressa de passer. Une chemise bordeaux avec son pantalon vert de gris, cela jurais définitivement mais cela ne l'avais jamais trop perturbé. Il aimait bien choqué par le vestimentaire. Cela permettais généralement de voir ceux qui s'inquiétaient de l'accessoire avant le reste.
Puis il rejoignit le garage et alluma la lampe torche qui était restée là depuis l'avant veille, depuis sa dernière garde en réalité. Peu après le début des nuits sans fin , Cid s'était engagé dans un groupe de surveillance nocturne du quartier. Autant dire une surveillance permanente. Cela s'était fait après que deux des gamins et une grand mère aient disparu du quartier. Aucun n'avait pour l'heure était retrouvé et beaucoup commencé à s'en inquiéter, évoquant déjà des explications farfelues tels que des enlèvements extraterrestres ou des créatures rodant dans l'ombre. Lui même savaient ses fariboles aussi folles que leurs auteurs mais il souhaitais que son quartier reste une zone de calme pour encore quelques temps. Il avait beaucoup à y faire avant de le quitter. Il rejoignit les deux hommes qui patrouillaient avec lui ce soir. Salutations rapides. L'un d'eux lui tendit un fusil qu'il savait chargé. N'étant pas à proprement parler un passionné de la gâchette, il n'avait jamais souhaité s'équiper d'armes à feu malgré les recommandations de sa mère et de ses voisins. Mais les rondes de nuits exigés d'être armés selon le comité de quartier, aussi se faisait il généralement prêté une arme par Joshua. D'autant qu'il savait que celui-ci et leur dernier compagnon, Ethan, aurait fait feu avant qu'il n'ai eu le temps de réagir.
Ils commencèrent à circuler au milieu des allées largement éclairées par les réverbères qui fonctionnaient en alternance afin d'économiser l'énergie. Une des rares mesures que le gouvernement du Texas avait mise en place pour gérer la situation de crise. Ironie de voir sur le visage de ses coéquipiers la lumière se succédait aussi régulièrement à l'obscurité alors que le mouvement céleste s'était lui même interrompu.
Ils marchèrent durant une heure avant de revenir à leur point de départ. Une heure à guetter les mouvements dans les ombres, à avertir les gens de ne pas sortir seul, même pour des courtes durées. A leur expliquer les dangers de la nuit en somme. La ronde terminée, il rendit l'arme à son propriétaire et rallia rapidement sa maison. Il démarra le pick up bleu qu'il s'était acheté peu de temps avant sa rupture avec Emma. Il était sept heure d'un matin inexistant ailleurs que sur les horloges conçues par les hommes et les premiers commerces ouvriraient bientôt leurs portes. Il partit en direction de Fulck alors que les lumières des demeures devenaient de plus en plus nombreuses. Les gens essayaient encore de garder un semblant d'existence ordinaire. Comme s'ils n'avaient pas compris que celle-ci ne redeviendrais jamais celle qu'ils avaient connus. Pourtant lorsqu'il alluma la radio, les Beattles n'avaient cessé d'enchanter le monde à coup de sous marin jaune. Il y a donc un espoir sans doute.